Fiche de lecture Constitution des Athéniens par Aristote

Fiche de lecture : Constitution des Athéniens

Le texte que nous allons étudier est un extrait d’un texte d’Aristote qui se nomme « La constitution des Athéniens » ou « Constitution d’Athènes ». Aristote est un philosophe grec né en 384 av J.C à Stagire, en Macédoine, et mort en 322 av J.C. à Chalcis, en Eubée. Fils de médecin, il étudie à partir de 367 av J.C et pendant de longues années auprès du philosophe grec Platon. A la mort de ce dernier, il rejoint la cour du tyran Hermias d’Atarnée en Eolide où il se constitue une expérience politique. En 347 av J.C il est choisi par Philippe, le roi de Macédoine, pour devenir le précepteur d’Alexandre de Macédoine, le futur Alexandre le Grand. Il retourne à Athènes en 335 où il fonde son école, le lycée, dans laquelle, pendant 13 ans, il va enseigner sa science. En 323 av J.C, à la mort d’Alexandre il est chassé d’Athènes et s’exile à Chalcis dans l’Eubée où il meurt en 322 av J.C à l’âge de 63 ans. Dans ses œuvres il a abordé presque tout les domaines de connaissance de son temps, de la logique à la science théorique (physique, math…) en passant par la politique. La constitution des athéniens est un texte politique décrivant comme son nom l’indique la constitution d’Athènes. Retrouvée par hasard au verso d’un papyrus à d'Oxyrrhinkhos en Égypte en 1879, cet ouvrage composé entre 335 et 323 av. J.-C. se divise en deux grandes parties. La première retrace l’évolution de la constitution d’Athènes des origines à 403 av J.C. et la deuxième partie décrit les institutions athéniennes du temps d’Aristote. Nous allons étudier la première partie du texte. Nous verrons donc dans un premier temps les différentes réformes mises en place pour accéder à la démocratie puis les crises dans l’histoire politique athénienne.

I-Les différentes réformes mise en place pour accéder à la démocratie

Aristote commence son texte en évoquant la situation dans laquelle se trouve Athènes avant l’arrivée de Solon c'est-à-dire une société où les pauvres sont réduits en esclavage, à cause de leurs dettes, par les riches. A cause de cette situation, les pauvres se révoltent contre les riches et Solon est appelé pour résoudre cette crise. Il met donc en place des réformes qui sont à l’origine d’un long processus, que nous allons voir, qui va aboutir à la démocratie Athénienne.

1-Les réformes de Solon

Aristote commence par expliquer que Solon a été choisi car il n’était ni un aristocrate ni un pauvre comme il est dit dans le chapitre V « Solon était, par la naissance et la réputation, des premiers de la cité ; mais par sa fortune et par son rang c’était un homme de la classe moyenne ». Il est donc chargé de mettre fin à cette guerre civile et pour cela va mettre en place des réformes donnant plus de pouvoir au peuple sans pour autant trop affaiblir les riches. Parmi ces réformes on peut citer : l’abolition des dettes avec un effet rétroactif (chapitre VI), l’organisation censitaire de la société en 4 classes dont les pouvoirs politiques dépendent de la richesse (chapitre VII), le tirage au sort des magistratures (Chapitre VIII), la répartition de la population en 4 tribus qui fournissent chacune 100 membres au conseil des quatre cents (Chapitre VIII), une reforme judiciaire permettant à chacun d’intervenir en faveur d’une personne lésée (Chapitre IX), et enfin la mise en place d’une réforme monétaire. Ces réformes donnent donc plus de pouvoir au peuple en lui donnant un pouvoir politique, en l’empêchant de tomber en esclavage pour des dettes, en lui permettant d’avoir accès à la justice, mais les riches restent toutefois valoriser car ils sont les seuls à pouvoir accéder aux plus hautes magistratures. Après avoir mis en place ces réformes Solon part pour l’Egypte car il est haït des riches et des pauvres (Chapitre 11).


2-Les réformes de Clisthène et Ephialte

Après une parenthèse tyrannique que nous verrons dans la partie II, Clisthène arrive au pouvoir et met en place, en tant que chef du dèmos (Chapitre XX), un certain nombre de réformes. Parmi ces réformes on peut nommer le passage de 4 à 10 tribus afin de « faire participer plus de gens aux droits civiques » (chapitre XXI), le passage du nombre de membre du conseil de 400 à 500 pour la même raison, le nommage des athéniens d’après leur dème afin je cite d’ « empêcher de s’interpeller par le nom de leur père et de dénoncer ainsi les nouveaux citoyens » (chapitre XXI)… Ces mesures ont pour but de limiter l’influence des riches et des « bien nés » dans la société faisant en cela un pas de plus vers la démocratie. Toujours dans ce but de limiter le pouvoir des puissants Clisthène met en place l’ostracisme permettant d’écarter d’Athènes les personnes trop influentes et ainsi se préserver des excès de pouvoir.

Aristote explique ensuite qu’après les guerres médiques les reformes instituées par Clisthène ne suffisaient plus à gérer Athènes permettant à l’aréopage de s’emparer du pouvoir. Le dèmos charge donc Ephialte de mener des réformes pour réduire le pouvoir de ce conseil. Il évince tout d’abord beaucoup de membre de l’aréopage du pouvoir grâce à des procès puis réduit le pouvoir du conseil en transférant certains de ses pouvoirs aux Cinq Cents (chapitre XXV).

3-Périclès et ses successeurs

Aristote continue son histoire de la constitution athénienne en s’attardant pendant 3 chapitres sur le gouvernement de Périclès et de ses successeurs pendant la guerre du Péloponnèse. Dans le chapitre XXVI Aristote s’intéresse aux mesures prises au moment de l’arrivée de Périclès en politique, c'est-à-dire le fait que les zeugites puissent accéder à l’archontat ou que pour être citoyen il faille être fils de deux citoyens. Aristote explique ensuite les réformes misent en place par Périclès pour renforcer le pouvoir du peuple, en effet le célèbre stratège retire certains pouvoirs de l’aréopage pour les donner au peuple. Il donna aussi des indemnités au citoyens s’acquittant de leur devoir judiciaire afin, comme nous l’explique Aristote dans le chapitre XXVI, de « rivaliser de popularité avec la richesse de Cimon ». Aristote évoque ensuite les successeurs de Périclès comme des personnes de mauvaise réputation (Chapitre XXVIII).


4-Le rétablissement de la démocratie après la tyrannie des Trente

Après Périclès et ses successeurs immédiats s’enchainent deux tyrannies différentes que nous étudierons dans le II. Il faut donc, après la chute de la tyrannie, rétablir la démocratie, c’est ce que nous décrit Aristote dans les chapitres 38 à 40. Les athéniens décident donc de mettre au pouvoir les dix personnes les plus honnêtes et de les doter du plein pouvoir afin qu’ils puissent mettre fin à la guerre afin de remettre en place la démocratie. Après un premier échec, entrainant la destitution des dix premiers nommés, les Dix arrivèrent à signer une paix avec Sparte et à remettre en place la démocratie.

Après avoir vu comment la démocratie athénienne s’est mise en place nous allons voir maintenant que ce chemin ne fut pas s’en embûche et que de nombreux hommes ont voulu mettre en place une tyrannie durable pour Athènes provoquant ainsi de graves crises dans l’histoire politique d’Athènes.

II- Les crises dans l’histoire politique athénienne
1-Pisistrate et ses fils

Aristote commence par montrer comment le premier tyran Pisistrate est arrivé au pouvoir. Après les mesures misent en place par Solon un climat tendu règne à Athènes car les archontes abusent de leur pouvoir. Ces abus de pouvoir commence à énerver trois factions –gens de la plaine, de la montagne, et de la côte- qui décident de se révolter. Pisistrate le chef des gens de la montagne arrive donc au pouvoir puis fut chasser par une armée mené par le chef de la fonction de la plaine et le chef de la faction de la côte. Onze ans plus tard, avec l’aide de Mégaclès –chef de la faction de la côte-, Pisistrate arrive de nouveau au pouvoir pour six ans avant de se faire de nouveau chasser du pouvoir. Il parti donc se refaire une santé hors d’Athènes où il se constitua une armée pour reprendre Athènes, ce qu’il réussit. Malgré son régime tyrannique Pisistrate « gouvernait la ville […] avec modération en bon citoyen plutôt qu’en tyran » (Chapitre XVI). En effet Pisistrate est plutôt favorable au peuple comme le montre certaines de ses actions comme avancer de l’argent au pauvres (Chapitre XVI), assurer la paix et veiller à la tranquillité du peuple. Cette bienveillance envers le peuple se poursuivit après la mort du tyran c'est-à-dire sous le commandement de ses fils. C’est le plus âgé Hippias qui possédait la majorité des pouvoirs. Toutefois cette bienveillance ne dura pas car à la suite du meurtre Hipparque –un des fils de Pisistrate- Hippias « en voulant venger son frère et après avoir tué ou exilé bien des gens, […] se défiait de tous et devenait cruel pour tous » (Chapitre XIX). Cette tyrannie cruelle dura 3 ans avant que les Pisistratides furent chassés du pouvoir par les Lacédémoniens.

2-Les Quatre-cents

Le régime tyrannique mis en place par Pisistrate et ses fils ne fut pas la seule tentative de prise de pouvoir par une minorité. En effet, après la défaite athénienne lors de la guerre du Péloponnèse les athéniens décidèrent de modifier la démocratie et de mettre en place le régime des Quatre Cents (Chapitre XXIX) afin de négocier plus facilement avec le Grand roi. Ce régime instauré par les Athéniens abusa rapidement de son pouvoir en supprimant les dénonciations et les citations en justice afin d’empêcher quiconque de s’opposer à eux et en limitant le nombre de citoyens disposant d’un pouvoir politique à 5000. La défaite avait crée ce régime c’est donc naturellement que la défaite allait le détruire, en effet à la suite d’une nouvelle défaite les athéniens décidèrent de chasser les Quatre Cents du pouvoir laissant le pouvoir au Cinq Mille. Ces derniers ne dirigèrent pas la cité très longtemps car au bout de 6 ans ils furent chassés du pouvoir.

3-Les Trente

La démocratie ne revint toutefois pas tout de suite car à la suite de la tension provoquée par la défaite finale les Trente parvinrent à devenir « maîtres absolus de la cité » (Chapitre XXXV). Aristote nous explique que sous couvert de revenir à la constitution des ancêtres, les Trente firent régner la terreur en exécutant les puissants, les criminels… Aristote rapporte dans le chapitre XXXV que plus de 1500 personnes furent victimes de ces exécutions. Le philosophe grec conte ensuite la chute des Trente, qui affaibli par des divisions internes, furent vaincu par les hommes qu’ils avaient banni. Aristote est très dur envers les Trente, les accusant de cruauté et de scélératesse (Chapitre XXXVII) alors qu’il se montre plutôt indulgent envers les Quatre Cents ce qui montre bien la rudesse et l’horreur de ce régime.

Conclusion :

Cet ouvrage est très intéressant car il permet de montrer avec des faits précis que la démocratie athénienne est quelque chose qui s’est acquis dans la douleur et dans le combat face à ceux qui prônaient le pouvoir de quelques uns sur le peuple. Aristote s’intéresse ici à la politique intérieur d’Athènes et comment la cité a géré ses différentes crises intérieures provoquées la plupart par des crises extérieures nous apportant un autre regard sur les conséquences que peuvent avoir des événements majeurs tel que des guerres sur une société et sur une cité aussi puissante qu’elle soit.

Aristote est un auteur plutôt agréable à la lecture car il s’éloigne rarement du sujet qu’il s’est fixé permettant ainsi au lecteur d’être toujours concentré dans l’histoire politique qu’il nous offre. J’ai par ailleurs trouvé cette histoire particulièrement intéressante car elle nous montre qu’une société malgré toute l’horreur qu’elle peut subir peut trouver la force en elle de se relever et de sortir renforcer de chaque embûche qu’elle trouve sur son chemin vers sa liberté.

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